Le psychiatre et la mort: lutte au quotidien

 

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Dans notre métier de psychiatre, la relation à la mort revêt d’autres caractéristiques que pour les autres médecins. Les maladies ne sont pas responsables de la déchéance d’un corps. Il n’y a pas de cancer de l’Esprit. Ce n’est pas pour autant que nous ne sommes pas confrontés à un raccourcissement de la vie voire à des morts violentes.

Un certain nombre de raisons pour lesquelles l’espérance de vie peut être diminuée chez les personnes souffrant de troubles mentaux est en lien avec l’aptitude à se soigner, à prendre soin de soi. Ce sont donc les comorbidités (autres maladies concomitantes) qui sont responsables de la mortalité.  Même si c’est la maladie psychiatrique qui cause une thérapeutique insuffisante.

Si on est atteint de schizophrénie et qu’on a d’autres maladies à côté, comme cela arrive souvent avec le temps, on est moins bien pris en charge. Parce qu’on oublie ses médicaments, ses rendez-vous avec les médecins . Parce que ceux-ci sont parfois plus en difficulté pour faire appliquer des directives à ces patients souvent considérés comme lourds à gérer.

Pareil, si on est déprimé et que notre seul ami reste notre lit, toujours fidèle. Beaucoup de complications peuvent se greffer sur ce qui n’était au départ “qu’une dépression”.

Les autres raisons sont inhérentes aux pathologies psychiatriques elles-mêmes et aux médicaments utilisés pour les soigner.

Effets indésirables des médicaments

Les médicaments pris pour soigner les maladies psychiatriques peuvent comme tous les médicaments avoir des effets indésirables. Certains sont plus gênants que d’autres selon les personnes. Ceux qui reviennent le plus souvent dans la bouche sont la fatigue et la prise de poids. Cela pourrait sembler banal, mais s’endormir au volant peut avoir de lourdes conséquences. Et devenir obèse engendrer des complications cardiovasculaires (hypertension) et métaboliques (diabète, “mauvais” cholestérol). Dans de rares cas, certains médicaments, chez des personnes fragiles, peuvent aussi causer la mort. C’est pourquoi il vaut mieux pour les médecins savoir tous les antécédents de leurs patients avant de prescrire certains traitements.

Pathologies psychiatriques à risque

Certaines pathologies psychiatriques amènent à avoir des comportements dangereux pour ceux qui en souffrent. Ainsi, une personne atteinte d’anorexie mentale pourra mourir de dénutrition après avoir perdu beaucoup de poids. Une autre atteinte de boulimie mourra de problèmes métaboliques en lien avec les vomissements. Une personne atteinte de schizophrénie pourra mourir après avoir sauté dans le vide du haut d’un immeuble pour échapper aux voix qui le persécutent. Une personne atteinte d’un trouble bipolaire en phase maniaque périra d’un accident de la route après s’être senti invincible en roulant à 200 km/h.

Un certain nombres de pathologies psychiatriques amène aussi à développer des idées suicidaires. L’envie de mourir pour échapper à la souffrance vécue est telle que l’amour de nos proches, les perspectives de guérir ou les croyances religieuses ne suffisent pas toujours à détourner certains de ce qui devient la seule solution envisageable…

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