Raël et la Slovénie

 

Raël

Parfois, le destin nous amène sur des routes qui nous permettent de croiser des personnes auxquelles on ne s’attendrait pas. Certes, je n’ai pas une imagination débordante, mais croiser un prophète en chair et en os n’est pas chose dénuée d’intérêt pour une psychiatre.

Vacances en Slovénie

J’étais en vacances avec mon homme en Slovénie, où travaillait un ami. Il avait eu la bonne idée de partir en vacances en Hongrie pendant la durée de notre séjour. Pour compenser l’oubli de notre venue, il avait eu l’extrême gentillesse de nous prêter son appartement de Ljubljana, la capitale de ce charmant petit pays. Nous avons profité un temps de la capitale et des environs et avons ensuite décidé de parcourir une partie du pays les sacs sur le dos. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés au niveau de la minuscule côte slovène de moins de cinquante kilomètres sur l’Adriatique. Nous randonnions tranquillement quand des sonorités familières nous chatouillèrent les oreilles. Quelqu’un parlait au micro en français!! En Slovénie…

Intrigués que nous étions d’entendre notre langue dans ce pays, nous nous dirigeâmes vers le lieu à l’oreille, débouchant sur un gigantesque chapiteau, entouré de barrières reliées par des cordons de sécurité rouge et blanc. Il s’agissait d’un gros événement dont nous ne comprenions pas l’ampleur.

L’université d’été des Raéliens

En se rapprochant (en short, T-shirt, chaussures de randonnée et sac de vingt kilos sur le dos…), un responsable de la sécurité se dirigea vers moi pour me demander ce que je venais faire avec mon attirail. Auparavant, j’avais pu voir sur l’entrée du chapiteau les grosses lettres qui signifiaient les raisons de ce rassemblement: l’université d’été de Raël se tenait ici. Mon homme préférait rester un peu plus loin, mais je décidais de me lancer.

Je me présentais donc comme une française intéressée par la question et demandais s’il était possible d’assister un peu aux conférences qui se tenaient là. Voyant mon intérêt non simulé, le responsable de la sécurité  me dirigea vers un collègue “commercial” qui me vendit les deux premiers livres de Raël pour quelques euros et je fus autorisée à entrer pour assister à la conférence qui avait déjà commencé.

Raël et les neurosciences

Il s’agissait d’un neuroscientifique francophone qui parlait du Human Brain Project ayant pour objectif de simuler le cerveau humain par des supercalculateurs. Vulgarisé pour que cela soit compréhensible, les références étaient claires, réelles, ce que je pouvais attester car je travaillais justement à l’époque dans le domaine de la recherche en neuroimagerie.

Raël avait engagé une caution scientifique apportant des données réelles de la science pour crédibiliser son discours obscurantiste sectaire. Il intervenait dans la foulée pour parler des relations humaines, de la communication et de l’amour sur des choses triviales et de bon sens. Pas de quoi se mettre grand chose sous la dent comparativement au discours prôné par cet homme se targuant d’être le dernier prophète sur Terre. Comme il n’était pas habillé en tenue officielle, il était interdit de le prendre en photo. Je fus donc très frustrée de ne pas ramener ce type de souvenir de mon voyage. J’ai pu parler quelques instants avec l’orateur neuroscientifique mais comme il était pressé je n’ai pu lui demander s’il cautionnait les théories fumeuses de son hôte.

Ayant peur que mon homme ne perde patience et reparte sur le chemin que nous avions prévu de faire, je repartis avec les livres et les souvenirs de cette hasardeuse rencontre.

Raël et la psychiatrie

Raël (Claude Vorillon dans la vie civile) avait tout de même eu la chance d’être enlevé par les Elohims (extraterrestres d’une lointaine galaxie beaucoup plus avancés sur le plan technologique), qui l’avaient invité à un banquet où il avait pu manger aux côtés de tous les prophètes des religions et croyances planétaires. Il décrit son expérience d’enlèvement exactement comme un patient souffrant d’une bouffée délirante pourrait percevoir son hospitalisation dans un service de psychiatrie sous contrainte, gommant les contours de la réalité avec imagination pour la rendre plus agréable.

Ainsi, je vois Raël comme quelqu’un ayant eu l’expérience du délire, des hallucinations, dans un épisode bref d’allure maniaque, avec une grande mégalomanie. Derrière, une fois le délire retombé et se sachant doué dans les relations sociales, je pense qu’il a perçu l’ampleur du potentiel  de crédulité de certains en créant sa propre “religion” (évidemment secte en réalité), qui se veut l’aboutissement des grandes religions monothéistes.

Manipulateur, il a ainsi décidé de mettre son imagination au service de son propre profit. Il prône la libre sexualité, demande des contributions multiples à ses adeptes, pour construire l’ambassade qu’il voulait placer à Jérusalem en vue d’accueillir les Elohim, a des projets farfelus de clonage.

Bref, c’est un opportuniste qui a trouvé son filon pour vivre aux dépens des autres.

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