Géraldine est venue me voir pour travailler sa confiance en elle dans un contexte de surpoids. Elle ne s’estimait déjà pas beaucoup, mais venait de vivre une expérience douloureuse qui avait encore plus atteint son amour propre. Elle avait dû faire une IVG (Interruption volontaire de grossesse).
Quand Géraldine est rentrée en contact avec le gynécologue, elle ne s’imaginait pas que les choses allaient se passer comme cela. Bien que généralement prudente, elle s’était retrouvée enceinte de son ex compagnon. Il avait déjà eu une autre vie et avait des enfants d’une autre femme. Cela lui suffisait et il avait exprimé ne pas en vouloir d’autres. Leur relation ne pouvait rester en l’état. Géraldine voulait des enfants. Certes, mais pas seule et encore moins dans le dos de leur père. Alors elle avait décidé de la séparation et pris cette toujours difficile décision d’aller faire la démarche d’un avortement. C’est là que ce gynécologue était entré dans sa vie.
Il l’avait accueillie chaleureusement en consultation.
- Alors, c’est pour une première échographie de datation ? Félicitations !
- Non, en fait je viens pour une IVG.
Le gynécologue avait alors changé de visage et son regard était devenu dur, transperçant et empreint de jugement.
- Alors comme ça c’était un coup d’un soir, c’est ça ?
- Non, pas du tout, il s’agissait de mon ex compagnon, mais il ne veut plus d’enfants.
- Tu es bien sûre de ton choix, là ? Parce que 39 ans c’est plus que le début de la fin.
- Euh !!!!
- Tu imagines, qu’il y a des femmes qui essaient toute leur vie et qui n’y arrivent pas et toi, tu vas tuer un enfant que tu as en toi.
- …
- Et puis avec le poids que t’as il faut en profiter. Tomber enceinte est une chose inestimable qui ne risque pas de t’arriver aussi facilement.
A cet instant, Géraldine est à nouveau restée muette, interdite de s’entendre parler de cette façon dans ce contexte.
Il lui a prescrit tout le bilan. Donné le traitement médicamenteux pour l’IVG. Cela n’a pas marché. Et puis au contrôle échographique, il a vu qu’il s’agissait en fait d’un œuf clair. Cela résolvait au moins en partie la culpabilité du geste…
Géraldine restait partagée. En un sens elle s’était projetée mère. En un autre elle ne voulait pas imposer à son enfant de ne pas avoir de père. Cela avait généré pas mal de questionnements qu’elle n’arrivait pas à résoudre.
Et là, il était revenu vers elle. Il l’aimait et elle l’aimait. Il ne voulait toujours pas d’autres enfants et elle ne savait plus. Etre mère ? Vivre heureuse avec l’homme qu’elle aime ?
Alors Géraldine a choisi de vivre. Simplement. Et d’accueillir les choses qui viendront dans sa vie. Telles quelles. Sans trop anticiper. Et sans regretter ses choix. Car on ne peut jamais revenir sur le passé.
Pour lire une autre histoire sur la thématique de l’avortement: « petite étoile filante »
Ça existe encore ce genre de comportement d’un professionnel de santé ?
Malheureusement ! C’est ce que décrit Martin Winckler dans les Brutes en Blanc. Du coup ce n’est pas faisable de lire son livre d’une traite…
Merci je vais le lire !
Avez-vous déjà lu Ma folie ordinaire d’Emilie DURAND ?
À l’universite, on me demande de le lire en TD de Psychopathologie.
Ah non. Je ne connaissais pas.
Mais ça a l’air intéressant en tous cas en regardant la note de l’éditeur !
Je pensais que ce livre avait donné le nom à votre blog
Même pas. Par contre je connaissais les « contes de la Folie Ordinaire » de Bukowski