Archives de catégorie : Histoire vécue en psychiatrie

L’indépendante Ginette et l’attente

Ginette

 

Ginette est une jeune femme de 88 ans que j’ai rencontrée pour la première fois en hospitalisation lorsque je faisais un remplacement dans une clinique psychiatrique orientée sur la prise en charge des sujets âgés. Elle venait parce qu’elle faisait des malaises à répétition, avec une sensation de somnolence après les repas qui la tétanisait.

Ancienne infirmière libérale, elle avait toujours été une femme indépendante. Ginette ne s’était jamais encombrée d’un homme à la maison et n’avait pas eu d’enfants. Elle avait beaucoup travaillé tout en ayant un bon réseau social. De fait, cette vieille fille n’avait jamais souffert de ce célibat choisi, ayant allègrement pu profiter des choses de la vie. Elle avait eu quelques romances, mais cela avait toujours été chacun chez soi, ne supportant l’idée de se faire envahir par un autre qui aurait eu des habitudes différentes des siennes.

Une fois la retraite arrivée, Ginette avait conservé un tonus qui l’avait incitée à rester très active. Dynamique, elle était toujours de sortie et gambadait avec son chien d’un pas allègre, voyant ses amis, se baladant et allant à des sorties culturelles, au gré des saisons et des voyages des uns et des autres.

Très investie dans le milieu associatif pour compenser le manque que l’arrêt du travail avait créé, Ginette ne leva un peu le pied que quand elle commença à avoir quelques douleurs des membres inférieurs qui limitèrent assez rapidement son périmètre de marche. Cela, six mois avant l’hospitalisation. Le diagnostic d’une neuropathie périphérique signa chez elle l’avènement d’une nouvelle ère, celle de la rapide descente aux enfers.

Peu de temps après, Ginette eut ses “malaises” pour lesquels elle avait quelques semaines avant été hospitalisée en cardiologie, avec étiquetage de ses sensations comme des crises d’angoisse ou attaques de panique après avoir éliminé les hypothèses cardiologiques. Elle avait donc été redirigée vers nous pour la prise en charge psychiatrique. C’est là que je la vis la première fois.

Frêle, ses cheveux blancs frisaient encore sur un carré élégant. Sa peau dont les rides dessinaient des paysages aux allures de Grand Canyon semblait faite de carton mâché. Au dessus de sa lèvre supérieure, tel un grain de poivre dont les racines tombaient, un “grain de beauté” semblait posé là. Ginette avançait avec sa canne et sa démarche était hésitante, ralentie. Elle parlait vite, anxieuse de ce nouveau lieu dont elle ne savait pas quelle aide il pourrait lui apporter.

Ginette m’exposa ses difficultés, s’excusant de ne pas paraître aussi assurée qu’elle aurait désiré, ne se sentant pas claire. Cette vieille dame voulait redevenir comme avant, gambader, retrouver son chien sur les chemins et continuer à marcher, ce qui la tenait en vie jusque là.

  • Ce n’est pas possible Docteure, je ne peux pas rester dans cet état. J’ai le coeur qui s’accélère, comme s’il allait lâcher, après les repas, peu après ressentir une grande sensation de somnolence.

Malgré le caractère atypique, cela m’avait tout l’air d’un trouble panique. Au vu de l’angoisse qu’elle se faisait en anticipant avec inquiétude que cela recommence. J’introduisis donc un antidépresseur. Au bout de quelques semaines, Ginette n’avait plus de crises d’angoisse. Par chance, les “malaises” cédèrent à l’arrêt des anxiolytiques qu’elle avait eu auparavant pour soulager son anxiété.

Ginette pu donc sortir de la clinique et rentrer chez elle. Je continuais à la suivre en consultation.

Ne restait plus que la neuropathie périphérique. Le neurologue ne prévoyait pas que cela s’améliore, mais pensait que cela n’allait pas s’empirer non plus. Elle était suffisante cependant pour changer la vie de Ginette, qui ne pouvait marcher plus de cinquante mètres sans aide. Elle, la randonneuse. Qui maintenant devait attendre d’être aidée pour faire sa toilette et s’habiller le matin, sortir en dehors de chez elle.

Et de pester du matin au soir sur le retard de l’aide ménagère, de l’infirmière, le fait que cela ne soit pas tout le temps les mêmes.

Ginette me confia  qu’elle avait désormais hâte que la journée se termine.

  • Le soir ça va mieux, car je n’ai plus rien à attendre…

Un jour ma princesse viendra

 

un jour ma princesse viendra

Martin est venu me voir pour travailler un peu sur ses névroses.

Il n’est pas heureux et il aimerait que cela change. Prof d’histoire-géographie en collèges et lycées, il se définit comme un raté. C’est un homme mais dans le couple, c’est lui qui finit le plus tôt et s’occupe de son fils unique.

Son épouse, Nathalie, qu’il avait rencontré à la fac, avait continué ses études. Elle faisait de la recherche, ayant des responsabilités d’un laboratoire. Par contre, une fois à la maison, elle s’avachissait sur le canapé pour regarder la télévision en se vidant la tête.

Martin, pendant ce temps, travaillait ses cours qu’il n’avait pas eu le temps de préparer du fait de s’être occupé de son fils et d’avoir préparé le repas. Cela le calmait et l’empêchait d’avoir ses ruminations. Il aurait aimé aller plus loin. Passer sa thèse, son habilitation à diriger des recherches, être professeur avec un grand « P ». Bref, avoir la justification de pouvoir rentrer tard et de toujours travailler, même à la maison.

Ce qui caractérisait le plus Martin, c’était la frustration.

Les difficultés avaient commencé à la naissance de son fils. Il avait désiré partir de la maison à ce moment, par peur, se sentant trop âgé.

  • Vous imaginez docteure, quand il aura vingt ans, je serai vieux!

Ensuite, il eut la sensation de de devoir s’occuper de son fils de la sortie de l’école au coucher avec une frustration l’amenant régulièrement jusqu’à la colère. Qui éclatait quand sa femme rentrait.

  • Maintenant, ça se passe mieux avec Brigitte, j’essaie de lui en dire le moins possible sur mes ruminations, mais elle sait. Je suis un idéaliste, un passionné. J’ai été un amoureux transi pendant toute mon adolescence, recherchant un idéal que je n’ai jamais assouvi.

Il s’était durant des années investi dans des compétitions sportives, repoussant les limites que son corps lui rappelait de temps à autre. Courant des dizaines de kilomètres, pédalant sur des centaines…

Il était conscient dès le départ que lorsqu’il avait rencontré sa femme, elle ne correspondait pas à son idéal fantasmé des années durant. Il était tombé amoureux sans comprendre cela.

Plusieurs événements l’avait ébranlé et il se sentait aussi fragile que le plant de tomate qui guette l’eau et le soleil qui lui permettront de continuer à pousser et donner.

Ainsi, il avait eu une petite fille, qu’il n’avait jamais pu voir grandir. Elle avait eu le diagnostic anténatal de trisomie 21 et ils avaient choisi avec Brigitte de faire une interruption thérapeutique de grossesse.

  • j’ai assisté à un accouchement qui n’en était pas un. Vous n’imaginez pas à quel point cela peut être terrifiant. Je n’ai pas été prévenu. Ils ne m’ont rien dit. Je ne m’attendais pas à ça. Si j’avais su, je n’aurai pas accepté d’être là. Ca m’a bouleversé et quand j’y repense j’en ai encore la chair de poule.

Après cela, il en avait voulu énormément à Brigitte  car lorsque son père malade devint mourant, il ne put arriver à temps à hôpital du fait du retard de Brigitte.

  • je n’ai jamais pu lui dire ce que j’avais sur le coeur. Cette fois-ci je sentais que j’aurais eu le courage. Il ne saura jamais la colère que j’avais contre lui de sa tyrannie. Cette envie de révolte qu’il avait fait naître en moi et que je n’ai jamais pu sortir.

D’autant que son père avait toujours préféré sa soeur et ne s’en était jamais caché.

  • Le dernier élément,  la goutte qui a fait déborder le vase, c’est quand un collègue est tombé amoureux d’une autre femme que la sienne et qu’il me l’a dit.

Cela l’avait ébranlé. Et remis en question son système de pensées, activant en lui le doute. Et si sa femme n’était pas celle qui lui était destinée? Il ruminait donc à longueur de journée autour des questions de l’amour, sur ce à quoi cela correspond.

  • Je suis quasi certain de ne plus l’aimer. Je veux vivre intensément quelque chose, une vraie histoire d’amour, une passion.

En fait,  il disait qu’il aimerait partir, à l’inconnu.

  • Du coup je suis sûr qu’une autre femme va me choisir, et je l’attends…

Au revoir Patrice, bonjour Vanessa

rien-ne-serait-plus-jamais-comme-avant

Bonjour à toutes et à tous,

Je mets juste à jour. Les votes sont terminés depuis longtemps.

Ce texte permettra juste de faire le lien car l’article appartient au site Au Féminin.

j’ai écrit une petite nouvelle pour le concours e-crire aufeminin « Au revoir Patrice, bonjour Vanessa », sur la thématique « rien ne serait plus jamais comme avant ».

Au sujet du transsexualisme.

La moitié des nouvelles qui seront sélectionnées le seront par le public. Alors, si cette nouvelle vous intéresse, n’hésitez pas à voter.

Le vote se fait sur le site aufeminin.com dont le lien est juste en dessous. Il nécessite un compte Facebook.

Merci de votre soutien!

http://www.aufeminin.com/ecrire-aufeminin/au-revoir-patrice-bonjour-vanessa-s1986444.html

 

Où j’ai été confrontée au trouble de la personnalité limite de l’intérieur

le-trouble-de-la-personnalite-limite

Gérald et Cécile

Parfois, dans le métier de psychiatre, on est confronté à des situations de travail lors même que nous n’y sommes pas. De cette façon, j’ai eu l’occasion de me retrouver mêlée au coeur d’un conflit de couple absolument sans le vouloir. Un ami, Gérald était depuis un bon moment avec une femme, Cécile avec qui les choses ne se passaient pas de manière paisible. Couple haut en couleurs, on pouvait dire qu’ils ne devaient pas s’ennuyer. Gérald était lui même suivi par un collègue analyste depuis quelques temps du fait de la souffrance que représentait cette relation. Au bout d’un certain nombre de remises en questions, il décida finalement d’en rester là, malgré la conscience que cette rupture n’allait pas être évidente. Euphémisme. Cela fut long et très compliqué, avec de nombreux rebondissements.

Cécile avait eu l’occasion de me connaître lors de soirées en commun et savait que j’étais psy. On avait un peu sympathisé et j’avais dû donner mon numéro de téléphone. Quelle ne fut pas mon erreur! Je me suis retrouvée l’oreille et l’épaule réconfortante, et elle tentait tant bien que mal que je joue un rôle auprès de son ex pour retrouver de l’estime à ses yeux. C’est ainsi que je pus me rendre compte de l’ampleur des symptômes qu’elle pouvait présenter et qui avait dû épuiser mon ami.

Dans notre jargon psychiatrique, on évoque la pathologie qu’elle présentait par le nom de personnalité limite ou personnalité borderline.

Les symptômes du trouble de la personnalité limite ou borderline

Le premier symptôme visible dans ce contexte est ce que l’on appelle le vécu abandonnique de la séparation. En gros, c’est cette recherche effrénée d’éviter qu’on ne les abandonne avec moult tentatives de récupérer les morceaux de la relation quand cela se passe. Cécile harcelait Gérald, qui avait dû changer de ligne téléphonique, essayait de me presser à influer en sa faveur. J’appris ainsi que l’abandon originel avait bien été réel car elle était adoptée et ne connaissait pas ses parents biologiques.

L’un des autres symptômes est l’alternance d’idéalisation et de dévalorisation de l’entourage, dont ses parents adoptifs et son frère faisaient partie. Ils étaient tour à tour hissés au rang de héros nationaux et redescendaient honnis comme des traîtres la semaine suivante, au gré des interactions qui ne pouvaient qu’être houleuses.

Un autre symptôme relève de l’identité sexuelle, avec un questionnement récurrent. Cécile m’avait fait part de son questionnement et sa démarche bouleversante d’essai antérieur avec une autre femme, ne semblant pas complètement fixée malgré son amour intense pour mon ami.

Elle avait des préoccupations corporelles et faisait du sport de façon intensive, avec un régime alimentaire “adapté” pour ne développer que la masse musculaire.

Cécile pouvait rentrer dans des rages folles et se mettre en danger. Ainsi, elle avait déjà jeté l’ordinateur par la fenêtre de l’appartement (au 5ème étage) à l’époque où le couple était encore ensemble. Cécile avait même déjà cogné sa tête contre une vitre, qui en se brisant lui avait laissé un souvenir durant plusieurs mois. Elle conduisait vite, couchait parfois avec n’importe qui.

Du temps où ils étaient encore ensemble, Cécile avait déjà fait plusieurs tentatives de suicide.

Comment faire?

C’est aussi pour cette raison que je ne me sentais pas de ne pas répondre à ses appels répétés. Qui frisaient parfois au harcèlement.  J’ai des souvenirs de gardes que je faisais, où je me faisais réveiller par Cécile alors même que le service était plutôt calme. Du fait de cette position difficile et non choisie, je l’ai dirigée progressivement vers des collègues de son secteur, où une hospitalisation permit d’apaiser la situation. Un suivi régulier ambulatoire a pu se mettre en place par la suite, me soulageant grandement de cette responsabilité qui m’embarrassait.

Elle a ensuite pu se remettre à nouveau en couple, d’abord sans oublier mon ami, puis s’est plus investie. Je l’ai maintenant perdue de vue. Cécile n’a plus besoin de moi!

Raël et la Slovénie

 

Raël

Parfois, le destin nous amène sur des routes qui nous permettent de croiser des personnes auxquelles on ne s’attendrait pas. Certes, je n’ai pas une imagination débordante, mais croiser un prophète en chair et en os n’est pas chose dénuée d’intérêt pour une psychiatre.

Vacances en Slovénie

J’étais en vacances avec mon homme en Slovénie, où travaillait un ami. Il avait eu la bonne idée de partir en vacances en Hongrie pendant la durée de notre séjour. Pour compenser l’oubli de notre venue, il avait eu l’extrême gentillesse de nous prêter son appartement de Ljubljana, la capitale de ce charmant petit pays. Nous avons profité un temps de la capitale et des environs et avons ensuite décidé de parcourir une partie du pays les sacs sur le dos. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés au niveau de la minuscule côte slovène de moins de cinquante kilomètres sur l’Adriatique. Nous randonnions tranquillement quand des sonorités familières nous chatouillèrent les oreilles. Quelqu’un parlait au micro en français!! En Slovénie…

Intrigués que nous étions d’entendre notre langue dans ce pays, nous nous dirigeâmes vers le lieu à l’oreille, débouchant sur un gigantesque chapiteau, entouré de barrières reliées par des cordons de sécurité rouge et blanc. Il s’agissait d’un gros événement dont nous ne comprenions pas l’ampleur.

L’université d’été des Raéliens

En se rapprochant (en short, T-shirt, chaussures de randonnée et sac de vingt kilos sur le dos…), un responsable de la sécurité se dirigea vers moi pour me demander ce que je venais faire avec mon attirail. Auparavant, j’avais pu voir sur l’entrée du chapiteau les grosses lettres qui signifiaient les raisons de ce rassemblement: l’université d’été de Raël se tenait ici. Mon homme préférait rester un peu plus loin, mais je décidais de me lancer.

Je me présentais donc comme une française intéressée par la question et demandais s’il était possible d’assister un peu aux conférences qui se tenaient là. Voyant mon intérêt non simulé, le responsable de la sécurité  me dirigea vers un collègue “commercial” qui me vendit les deux premiers livres de Raël pour quelques euros et je fus autorisée à entrer pour assister à la conférence qui avait déjà commencé.

Raël et les neurosciences

Il s’agissait d’un neuroscientifique francophone qui parlait du Human Brain Project ayant pour objectif de simuler le cerveau humain par des supercalculateurs. Vulgarisé pour que cela soit compréhensible, les références étaient claires, réelles, ce que je pouvais attester car je travaillais justement à l’époque dans le domaine de la recherche en neuroimagerie.

Raël avait engagé une caution scientifique apportant des données réelles de la science pour crédibiliser son discours obscurantiste sectaire. Il intervenait dans la foulée pour parler des relations humaines, de la communication et de l’amour sur des choses triviales et de bon sens. Pas de quoi se mettre grand chose sous la dent comparativement au discours prôné par cet homme se targuant d’être le dernier prophète sur Terre. Comme il n’était pas habillé en tenue officielle, il était interdit de le prendre en photo. Je fus donc très frustrée de ne pas ramener ce type de souvenir de mon voyage. J’ai pu parler quelques instants avec l’orateur neuroscientifique mais comme il était pressé je n’ai pu lui demander s’il cautionnait les théories fumeuses de son hôte.

Ayant peur que mon homme ne perde patience et reparte sur le chemin que nous avions prévu de faire, je repartis avec les livres et les souvenirs de cette hasardeuse rencontre.

Raël et la psychiatrie

Raël (Claude Vorillon dans la vie civile) avait tout de même eu la chance d’être enlevé par les Elohims (extraterrestres d’une lointaine galaxie beaucoup plus avancés sur le plan technologique), qui l’avaient invité à un banquet où il avait pu manger aux côtés de tous les prophètes des religions et croyances planétaires. Il décrit son expérience d’enlèvement exactement comme un patient souffrant d’une bouffée délirante pourrait percevoir son hospitalisation dans un service de psychiatrie sous contrainte, gommant les contours de la réalité avec imagination pour la rendre plus agréable.

Ainsi, je vois Raël comme quelqu’un ayant eu l’expérience du délire, des hallucinations, dans un épisode bref d’allure maniaque, avec une grande mégalomanie. Derrière, une fois le délire retombé et se sachant doué dans les relations sociales, je pense qu’il a perçu l’ampleur du potentiel  de crédulité de certains en créant sa propre “religion” (évidemment secte en réalité), qui se veut l’aboutissement des grandes religions monothéistes.

Manipulateur, il a ainsi décidé de mettre son imagination au service de son propre profit. Il prône la libre sexualité, demande des contributions multiples à ses adeptes, pour construire l’ambassade qu’il voulait placer à Jérusalem en vue d’accueillir les Elohim, a des projets farfelus de clonage.

Bref, c’est un opportuniste qui a trouvé son filon pour vivre aux dépens des autres.

Dieu le mâle et le Diable la femelle

Dieu et le Diable

Age et schizophrénie

Mehdi, un patient que j’ai vu en service fermé me restera particulièrement en mémoire. J’avais à l’époque un peu plus de vingt-cinq ans (mais tout de même moins de trente).

Et j’avais appris durant mes études que le pic de fréquence de déclenchement de la schizophrénie se situait entre dix-huit et vingt-cinq ans. Je me sentais sortie d’affaire. Même si je savais que la médecine et les statistiques qui en découlent ne sont pas des sciences exactes.

Mehdi avait trente ans et venait gâcher mon nid douillet de réassurance que je m’étais concoctée à coup de sirop d’articles scientifiques. Il avait trente ans et présentait depuis près d’un an une modification de sa personnalité, de son comportement et avait arrêté de travailler.

Les changements

C’était par ailleurs un gros consommateur de cannabis, dont l’usage s’était accéléré ces derniers mois. Il restait tour à tour cloîtré chez lui ou au contraire disparaissait de nombreux jours durant sans donner de nouvelles à son entourage. Celui-ci devenait de plus en plus inquiet à son égard.

Ses propos étaient délirants voire incompréhensibles à certains moments. Et surtout il avait une agressivité que personne ne lui connaissait jusque là. C’est dans ce contexte qu’il a été amené aux urgences. Ce avant d’être transféré dans notre unité fermée de secteur.

A l’hôpital

Mehdi nous mit rapidement dans le bain de ses nouvelles aptitudes. Il envoya au tapis deux aide-soignants en tentant de fuguer du service. Tout en vociférant des propos inquiétants. Après avoir déclenché l’alarme, du renfort vint des autres pavillons. Et nous pûmes non sans peine le maîtriser pour le conduire en chambre d’isolement.

Pour compléter, nous lui avons mis une contention physique. Afin d’éviter dans un premier temps de se prendre de nouvelles châtaignes. Il était particulièrement sportif. Et son physique athlétique lui conférait une dangerosité certaine en conditions de lutte.

Le délire

Son délire était particulièrement floride. Avec hallucinations acoustico-verbales. Il entendait les voix de trois hommes qu’il ne connaissait pas. Ils lui demandaient de faire du mal aux autres, l’incitant à la violence. Avec syndrome d’influence, ayant par moments l’impression d’être commandé par une force extérieure. Comme piloté par les petits aliens dans Men in Black.

Il présentait aussi un syndrome de référence. Avec interprétation que tout lui était personnellement dirigé, d’où que vienne l’information.

Il avait donc la chance de se faire draguer tous les jours par Louise Bourgoin. Elle faisait la météo de Canal +. Son show était entièrement dédié à Mehdi. Il comprenait aussi des messages cachés, codés pour qu’il les comprenne. Aussi bien à la télévision, la radio que les journaux.

Son attention était centrée sur ses perceptions déformées. Il en était arrivé à la conclusion qu’il était Dieu lui-même. Mehdi nous menaçait régulièrement de ses foudres divines tout en nous priant de le détacher.

Autant dire que nous avions une confiance aveugle…

Le traitement

Nous avons introduit des traitements antipsychotiques (neuroleptiques). Le but était de faire céder son délire. Et des traitements sédatifs pour l’apaiser. Mais il restait perché, toujours aussi véhément et délirant. Presque chaque tentative de le détacher se finissait mal. Il fallait inlassablement renouveler les prescriptions de contention physique et de chambre d’isolement.

C’est le patient que j’ai laissé le plus longtemps dans cette situation qu’on ne garde en général que quelques jours au plus. Il a fallu près d’un mois pour que son état mental puisse laisser envisager de le confronter aux autres patients sans qu’il ne risque de les envoyer aux urgences pour des fractures ou des plaies.

Lors d’un entretien

Un jour que je restais un peu plus longtemps à discuter avec lui. Pour essayer de percevoir une amélioration que nous attendions avec impatience, il me dit:

  • Vous savez docteure, les hommes ont tous une part de féminité en eux.
  • Ce n’est pas faux, lui répondis-je en me disant que s’il philosophait, c’est qu’il devait aller un peu mieux. Je commençais à réfléchir aux arguments biologiques qui pouvait sous-tendre ce genre de discours. Au livre humoristique mais néanmoins scientifique d’Alan et Barbara Pease “Pourquoi les hommes n’écoutent jamais rien et pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes routières ?” Il évoque un gradient de féminité quelque soit le sexe en fonction de l’imprégnation hormonale.
  • Oui, docteure, et moi, la femme qui est en moi, c’est le Diable!

Je n’ai pas su quoi répondre.

Vivre  dans une chambre de bonne avec un ex-taulard

chambre de bonne

La fidélité

J’ai suivi Denise en consultation pendant deux ans, sur les trente ans de fidélité qu’elle avait avec l’hôpital. Elle avait vu défiler plus de psychiatres que moi de nombre de services de psychiatrie différents.

Un diagnostic initial de “trouble anxiodépressif” justifiait ce suivi. Elle avait été « sauvée » d’une dépression sévère pour laquelle elle avait été hospitalisée dans le service. Denise n’avait plus depuis longtemps besoin d’être suivie que tous les trois mois.

Je renouvelais son traitement antidépresseur et anxiolytique au long cours et elle me donnait des nouvelles de sa situation. Pour les anxiolytiques, je n’étais pas fière mais faire un sevrage dans ces conditions semblait acrobatique. 

La chambre de bonne

Elle vivait dans une chambre de bonne sous les combles dans un vieil immeuble d’un quartier insalubre, bruyant et mal famé. Denise sortait peu de chez elle car gravir les six étages à pieds commençait à devenir un luxe.

Âgée de 78 ans, fatiguée, elle ne pouvait se permettre de faire elle-même ses courses. Elle hébergeait donc depuis cinq ou six ans Mohammed, un ancien taulard qui l’aidait en contrepartie aux tâches quotidiennes.

La routine des consultations antérieures

Elle oubliait régulièrement des consultations et j’étais obligée de la relancer par courrier car elle n’avait pas de téléphone chez elle, et encore moins de portable.

Chaque consultation se déroulait à peu près de la même manière. Boitant, aidée de sa canne, Denise faisait une pause tous les trois ou quatre pas pour respirer sur le trajet de la salle d’attente à mon bureau.

Arrivant dans mon bureau en suant, une odeur mêlée d’urine et de moisi, avec des vêtements sales, on pouvait penser qu’elle était clocharde. Le bruit de sa canne rythmait son pas court et sa voix chevrotante sortait d’une bouche édentée. Denise devait avoir une maladie de Parkinson sous-jacente non diagnostiquée.

Les tentatives  d’adressage à un neurologue s’étaient heurtées à des oublis répétitifs. Elle était seule, sans famille. Seul Mohammed l’aidait, mais disparaissait parfois plusieurs jours sans donner de nouvelles.

J’initiais la consultation pour tâter le terrain.

La dernière consultation
  • Comment allez-vous, Denise?
  • Ça va pas Docteur, ça fait trois jours que j’ai plus de médicaments, j’suis très angoissée, j’dors plus. Et pis j’en peux plus de cet appartement, de c’quartier. J’aimerai déménager, partir dans un endroit où y a moins de bruit, moins d’gens.

A chaque fois que je la voyais, c’était les mêmes paroles, les mêmes durées d’absence de prise de traitement…

J’avais parfois l’impression de revivre la même consultation.

  • Où en êtes-vous des démarches de demande de changement de logement auprès de l’office HLM?
  • Chai pas, ça fait longtemps que j’ai pas essayé d’y aller. En ce moment, j’arrive plus trop à sortir.
  • Et Mohammed il vous aide encore? Il travaille en ce moment?
  • Cui-là il a disparu de la circulation depuis quelques semaines, il m’a dit qu’il avait trouvé un travail et une p’tite copine.
LA solution?

En finissant mon contrat sur l’hôpital, je me suis dit qu’une chose serait plus efficace pour aider au mieux cette pauvre dame:

Rompre la fidélité qui l’avait amenée à consulter encore et toujours à l’hôpital général. On y soigne bien mais il y a mieux pour les intrications sociales.

Adressée sur son secteur, elle pourra bénéficier de visites à domicile et d’un suivi avec une assistante sociale. Celle-ci prendra  plus à bras le corps sa situation pour avoir un logement plus décent à un âge aussi avancé.

Tu es si sexy!

tu es si sexy

 

John est rentré dans le service de secteur où je travaillais pour une recrudescence délirante dans un contexte de schizophrénie connue et stabilisée depuis un moment.

Il voyait régulièrement sa psychiatre, prenait bien son traitement. Cet homme ne fumait pas de cannabis ni ne buvait d’alcool et consommait encore moins d’autres drogues. Il était bien inséré dans la société. John était marié depuis dix ans à une femme qu’il connaissait depuis encore plus longtemps. Il en était encore amoureux et avait l’air de bénéficier d’une réciprocité.

John travaillait dans une grande enseigne de bricolage et était parfaitement compétent dans son domaine d’outillage. Il avait le statut RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé). Mais il pouvait se targuer d’être l’un des meilleurs vendeurs du magasin.

Schizophrénie et travail

On pouvait dire qu’il avait de la chance. Car cette maladie grave et handicapante qu’est la schizophrénie ne permet qu’à moins de dix pour cent de personnes qui en sont atteintes en France de pouvoir travailler en milieu ordinaire. La grande majorité ne travaille pas. Et ceux qui le peuvent trouvent plus de facilité à trouver un emploi en milieu protégé. Principalement en ESAT: Établissements et Services d’Aide par le Travail, anciennement CAT: Centres d’Aide par le Travail.

Dans sa chance, il avait aussi pour lui d’échapper au caractère très désagréable des symptômes de sa maladie. Oui, il entendait des voix. Mais pas n’importe lesquelles! Il s’agissait de voix de jeunes femmes sexy qui lui susurraient des mots doux à l’oreille.

  • Oui, John, tu es le meilleur. Tu es le plus beau!
  • Tu me fais frémir. J’aime tes fesses et tes cuisses musclées!
  • Viens me rejoindre, je te ferai connaître l’Eden.
  • Tu es si sexy…

Quand il entendait ces voix au travail, il se retournait. John changeait de rayon pour essayer d’identifier ses mystérieuses admiratrices, sans jamais pouvoir les repérer. Cela le déstabilisait et sa hiérarchie commençait à trouver que son comportement devenait bizarre. 

Au domicile, il pensait que ses voisines étaient audacieuses. Car elles n’arrêtaient pas malgré la présence de sa femme, à qui il confia ses tourments érotiques. Elle lui confirma ne pas entendre ce qu’il percevait en sa compagnie. Alors il dut admettre qu’il y avait un problème de harcèlement sexuel sans harceleuse dûment présente. Il avait des difficultés à dormir, gêné par cette présence de plus en plus assidue qui le mettait en tension.

Hospitalisation

Ils firent appel à sa psychiatre qui nous l’envoya à l’hôpital pour modifier le traitement. Sans facteur déclenchant particulier, il fallait en effet constater une moindre efficacité du traitement qu’il recevait. Devant les tonalités érotomane et mégalomaniaque, nous devions aussi éliminer une phase maniaque que l’on peut retrouver chez certaines personnes atteintes de schizophrénie que l’on nomme alors trouble schizoaffectif. Ce n’était pas cela. Il avait juste le postérieur bordé de spaghettis et entendait des voix de naïades là où la majorité des patients atteints de schizophrénie entendent des choses menaçantes, désagréables ou tentant de leur faire faire des choses qu’ils ne désirent pas.

Après quelques semaines de changement de traitement, John et sa femme purent enfin dormir sur leurs quatre oreilles. Les naïades désertèrent et le train train quotidien put se réinstaller.

  • Je vous conseille ce tournevis, une bonne prise en main, une taille de cruciforme standard, bref l’idéal pour ce dont vous avez besoin…

La camisole ou quand les patients ne sont pas suffisamment attachants

Crazy with a straitjacket in a Psychiatric

Le contexte

Dans le même hôpital de l’infirmier que j’ai failli mettre en “iso”, j’ai été confrontée à une mise en image de l’imaginaire général colporté par les films sur la psychiatrie.

Je m’explique.

Dans les représentations artistiques (films, livres, séries, bandes dessinées), un patient agité à l’hôpital psychiatrique se verra souvent mettre en chambre capitonnée, en camisole en tissu avec les bras croisés. Voire un masque pour Hannibal Lecter dans “le Silence des Agneaux”. Peut-être que ces pratiques ont existé et/ou existent encore dans certains pays. Mais je n’avais jusqu’à présent jamais vu de choses de ce registre.

Les chambre d’isolement sont des sortes de cachots (euh, de chambres) globalement sensés être incassables et anti-fugue. On peut même les appeler « chambre à penser » quand on travaille avec les enfants…

Mais toutes celles que j’ai eu l’occasion de voir ne permettent pas de protéger contre des envies éventuelles de se fracasser le crâne contre les murs, très souvent en béton brut. Le capitonnage reste pour moi un effet cinématographique esthétique.

La contention physique et la camisole

Jusqu’à présent, les modes de contention physique (entendez par là la manière d’attacher un patient pour qu’il évite de se faire du mal ou d’en faire aux autres) que j’avais eu l’occasion de voir étaient plutôt high tech, avec des systèmes de sangles et d’attaches aimantées se fixant à des lits spéciaux disposant de systèmes d’accroche.

Tous les fabricants vendent maintenant la même chose en terme de système avec des variantes sur ce que l’on a besoin d’immobiliser. Bras, jambes, le plus fréquemment, abdomen souvent et parfois aussi la tête.

En pratique, il faut être quatre personnes au minimum, entraînées et ayant dans sa poche un diplôme d’ingénieur pour ne pas se tromper dans les “détails”  des processus d’attache. Les patients se détachent régulièrement en partie voire en totalité avec des surprises parfois désagréables. La plupart du temps, c’est parce que dans le feu de l’action, un “détail” nous a échappé…

En gros, ça coûte cher, c’est compliqué et chiant à mettre, pas super efficace. Mais il y a le tampon “Validé par l’Union Européenne” et les instances françaises sur le plan légal.

Avant, les camisoles en tissu étaient utilisées dans le même objectif. Avec une efficacité probablement meilleure et un côté vintage que je ne pensais pas voir au cours de ma carrière. Jusqu’à cette autre garde dans ce centre hospitalier spécialisé.

La situation

On m’avait aussi appelée pour isoler et contentionner un patient. C’était un grand gaillard atteint de schizophrénie. Il délirait plein pot et était agressif, insuffisamment géré par son traitement médicamenteux. Cet homme demandait lui même à être contentionné pour se protéger de ce qu’il pourrait faire. Car il savait qu’il pouvait être très violent et avait peur de ses propres réactions.

Mon rôle dans cette situation était uniquement de valider la prescription médicale d’isolement et de contention. Je n’avais pas vraiment de marge de manœuvre car les infirmiers avait géré l’urgence et achevaient de le contentionner.

Et là, horreur éthique: une sorte de pyjama de bébé allant des pieds jusqu’au cou, en une pièce de tissu renforcé. J’ai même eu droit à un semblant de cours de tricot par l’infirmier pour m’expliquer le type de tissu. Le tout rabattant les bras et les jambes attachés vers chaque pied de lit, telle une étoile de mer échouée sur la plage…

… avec une pièce de tissu manquant au niveau de la sphère génitale.

Pour permettre au patient de faire ses besoins naturels, il lui fallait avoir le sexe à l’air!

High tech et peu efficace ou vintage et éthiquement questionnant?

Tentative de suicide d’un infirmier de l’hôpital

 

suicide-medicaments

 

 

Un jour où je devais m’occuper de la liaison dans l’hôpital, je suis appelée en fin d’après-midi un vendredi – le moment préféré pour les galères, bien sûr – par des collègues anesthésistes au bloc opératoire.  

Ce n’était déjà pas quelque chose d’habituel. Aux urgences, en réanimation, en salle de réveil, dans divers services d’hospitalisation, cela devenait classique. Mais le bloc, c’était une première. Je n’étais pas au bout de mes surprises…

On ne m’avait pas appelée au sujet d’un patient, mais d’un collègue IBODE – infirmier  de bloc opératoire diplômé d’état – qui avait fait une tentative de suicide. Il manquait à son service depuis quelques heures déjà. On venait de le retrouver dans un local inutilisé du bloc opératoire. Après avoir ingurgité quantité de drogues disponibles sur place et utilisables facilement pour des personnes dont c’est le travail…

Les anesthésistes avaient fait une évaluation de l’état clinique de leur collègue et un bilan biologique pour savoir quel type de médicaments il avait pris. Bien que certaines boîtes vides pouvaient amener à supposer que certains traitements avaient dû y passer…

Ils avaient donc pu administrer des antidotes et l’infirmier avait pu se réveiller.

Comme il était apte à pouvoir parler, j’avais donc été appelée pour l’évaluer sur le plan psychiatrique. Et bien entendu voir comment gérer la situation complexe d’une tentative de suicide sur son lieu de travail. Autant dire que les collègues de cet infirmier voulaient savoir s’il y avait un risque que cela arrive de nouveau dans le service.

L’autre enjeu majeur sera de tenter de faire en sorte que l’étiquette “je me suicide au boulot” ne lui colle pas trop à la peau le restant de sa carrière.

 

On ne peut pas dire que c’était la routine…

J’essayais de tourner dans ma tête sur le chemin du bloc les scénarios possibles en fonction des réactions supposées du “bel au bois dormant” réveillé brutalement de son profond sommeil qu’il désirait définitif. Dans tous les cas, après un geste aussi grave, il faudra l’hospitaliser. La question est alors de savoir s’il acceptera ou s’il refusera.

Le casse-tête du choix du lieu et du mode d’hospitalisation

S’il accepte, vu le concours de circonstances, cela semblera peut-être compliqué de le convaincre de rester sur l’hôpital dans mon service. Peut-être un autre hôpital général ou une clinique privée?

Par contre s’il refuse, je serai dans l’obligation pour le protéger de l’hospitaliser contre son gré sur son secteur. En essayant de convaincre un membre de sa famille pour faire une hospitalisation à la demande d’un tiers. LA fameuse ancienne HDT, maintenant nommé SPDT pour soins psychiatriques à la demande de tiers.

Une demande de tiers rédigée de manière manuscrite plus un certificat de ma part. Et hop, en ambulance pour le conduire sur son lieu de villégiature pour éviter qu’il ne se mette à nouveau en danger.

Et si je ne trouve personne de l’entourage dans un délai correct, je pourrai l’hospitaliser sur le mode du péril imminent (SPI). Avec uniquement un certificat médical de ma part, en justifiant ne pas avoir trouvé de tiers.

Une fois arrivé sur les lieux du “crime”, je m’enquiers de l’anesthésiste afin qu’il m’amène à son IBODE.

Et là, affolé, il me dit qu’il ne sait pas où il est! Qu’il a fugué quand lui et ses collègues avaient le dos tourné pour gérer d’autres situations. Nous avons donc appelé la sécurité et la police pour donner son signalement et tenter de le retrouver.

Impuissante, j’ai fini mon service sans connaître le dénouement de la situation. Partant en vacances le lendemain, puis ayant déconnecté et oublié cette histoire, je n’ai finalement jamais su ce qu’il lui était arrivé après sa fugue…